Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/189

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— Eh bien, c’est bon à conserver et je la garde, disait M. Folantin, et ainsi de tout ; la mère Chabanel n’héritait en fin de compte que de deux sous de vinaigre, d’une poignée de sel gris et d’un petit verre d’huile à lampe.

Ouf ! s’était écrié M. Folantin, alors que cette femme descendait l’escalier, en trébuchant contre les marches ; mais sa joie s’était vite éteinte ; depuis ce temps-là, son intérieur avait marché tout de guingois. La veuve Chabanel avait été remplacée par le concierge, qui trépignait le lit de coups de poing et apprivoisait les araignées dont il ménageait les toiles.

Depuis ce temps, la victuaille avait été aussi invraisemblable qu’indécise ; les stations chez les nourrisseurs du quartier n’avaient plus cessé et son estomac s’était rouillé ; la période des eaux de Saint-Galmier et des eaux de Seltz, de la moutarde masquant le goût faisandé des viandes et attisant la froide lessive des sauces, était venue.

À force d’évoquer toute la séquelle de ces souvenirs, M. Folantin tomba dans une affreuse mélancolie. Il avait subi vaillamment, depuis des années, la solitude, mais, ce soir-là, il s’avoua vaincu ; il regretta de ne pas s’être marié et il retourna contre lui les arguments qu’il débitait quand il prêchait le célibat pour les gens pauvres. — Eh bien, quoi ? les enfants, on les élèverait, on se serrerait un peu