Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/188

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s’asseyait en face de son maître, faisant chapelle sous ses jupes et roussinait, en rigolant le bonnet de côté et les mains aux hanches.

Impossible d’être servi ; mais M. Folantin eût peut-être encore supporté cet humiliant sans gêne, si cette étonnante dame ne l’avait dévalisé ainsi que dans un bois ; les gilets de flanelle et les chaussettes disparaissaient, les savates devenaient introuvables, les alcools se volatilisaient, les allumettes même brûlaient toutes seules.

Il avait pourtant fallu mettre un terme à cet état de choses ; aussi, M. Folantin rassembla son courage et, de peur que cette femme ne le pillât complètement pendant son absence, il brusqua la scène et, un soir, séance tenante, il la congédia.

Madame Chabanel devint cramoisie et sa bouche béa, vidée de dents ; puis elle se mit à gigoter et à battre de l’aile lorsque M. Folantin dit d’un ton aimable :

— Puisque je ne mangerai plus désormais chez moi, je préfère vous faire profiter des provisions qui restent plutôt que les perdre ; nous allons donc, si vous le voulez bien, les passer en revue, ensemble.

Et alors il avait ouvert les armoires.

— Ça, c’est un sac de café et cette bouteille contient de l’eau-de-vie, n’est-ce pas ?

— Oui, Monsieur, c’en est, avait gémi Madame Chabanel.