Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peu, me fait l’effet, avec son air ingénu et réservé, d’une personne experte et dangereuse ; j’ai peur que vous n’ayez affaire à forte partie, Maître Le Ponsart.

— Bah, bah, il faudrait que la poulette ait de fières quenottes pour croquer un vieux renard tel que moi ; puis, j’ai encore à Paris un camarade qui est commissaire de police et qui pourrait, au besoin, m’aider ; allez, si rusée qu’elle puisse être, j’ai plusieurs tours dans mon sac et je me charge de la mater si elle regimbe ; dans trois jours l’expédition sera terminée, je serais de retour et vous réclamerai, comme honoraires de mes bons soins, un nouveau verre de ce vieux cognac.

— Et nous le boirons de bon cœur, celui-là ! s’écria M. Lambois qui oublia momentanément sa goutte.

— Ah ! le petit nigaud, reprit-il, parlant de son fils. Dire qu’il ne m’avait point jusqu’alors donné de tablature. Il travaillait consciencieusement son droit, passait ses examens, vivait même un peu trop en ours et en sauvage, sans amis, sans camarades. Jamais, au grand jamais, il n’avait contracté de dettes et, tout à coup, le voilà qui se laisse engluer par une femme qu’il a pêchée où ? je me le demande.

— C’est dans l’ordre des choses : les enfants trop sages finissent mal, proféra le notaire qui s’était