Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/256

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mis debout devant le poêle et, relevant les basques de son habit, se chauffait les jambes.

En effet, continua-t-il, le jour où ils aperçoivent une femme qui leur semble moins effrontée et plus douce que les autres, ils s’imaginent avoir trouvé la pie au nid, et va te faire fiche ! la première venue les dindonne tant qu’il lui plaît, et cela quand même elle serait bête comme une oie et malhabile !

— Vous aurez beau dire, répliqua M. Lambois, Jules n’était cependant pas un garçon à se laisser dominer de la sorte.

— Dame, conclut philosophiquement le notaire, maintenant que nous avons pris de l’âge, nous ne comprenons plus comment les jeunes se laissent si facilement enjôler par les cotillons, mais lorsqu’on se reporte au temps où l’on était plus ingambe, ah ! les jupes nous tournaient aussi la tête. Vous qui parlez, vous n’avez pas toujours laissé votre part aux autres, hein ? mon vieux Lambois.

— Parbleu ! — Jusqu’à notre mariage, nous nous sommes amusés ainsi que tout le monde, mais enfin, ni vous, ni moi, n’avons été assez godiches pour tomber — lâchons le mot — dans le concubinage.

— Évidemment.

Ils se sourirent ; des bouffées de jeunesse leur revenaient, mettant une bulle de salive sur les lèvres