Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/279

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cheminée pleine de flacons de pharmacie ; derrière Maître Le Ponsart, à l’autre bout de la pièce, s’affaissait un de ces petits canapés-lits tendu de ce reps bleu que le soleil et la poussière rendent terreux et roux.

La femme s’était assise sur ce canapé. Le notaire, gêné de sentir quelqu’un derrière son dos, fit volte-face et pria la femme de ne pas interrompre, à cause de lui, ses opérations domestiques, l’invita à faire absolument comme si elle était chez elle, appuyant un peu sur ces expressions, préparant ainsi ses premiers travaux d’approche. Elle ne parut pas comprendre le sens qu’il prêtait aux mots et demeura assise, silencieuse, regardant obstinément la cheminée décorée de fioles.

— Diable ! fit Maître Le Ponsart, la mâtine est forte ; elle a peur de se compromettre en ouvrant la bouche. Il lui tourna le dos, le ventre devant la table ; il commençait à s’exaspérer de cette entrée en matière ; étant admis le système qu’il présumait adopté par cette femme, il allait falloir mettre les points sur les i, marcher de l’avant, à l’aveuglette, attaquer au petit bonheur un ennemi retranché qui l’attendait. Aurait-elle entre les mains un testament ? se disait-il, les tempes soudain mouillées de sueur.

L’extérieur de la femme qu’il avait dévisagée, en se penchant vers elle, l’inquiétait et l’irritait tout à la fois. Impossible de lire sur cette figure une idée quelconque ; elle semblait effarée et muette ;