Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un petit verre, ma belle, proposa Mme  Champagne à Sophie. — Et vous ? ma chère, dit-elle à Mme  Dauriatte. Celle-ci ne se fit pas prier ; elle tendit sa tasse, ne la retirant point, espérant peut-être qu’on la remplirait jusqu’au bord ; mais la papetière lui versa la valeur d’un dé à coudre, et elles trinquèrent toutes les trois, se souhaitant ensemble longue santé et heureuse chance.

Quand l’heure vint de clore les volets, Sophie réconfortée, presque tranquille après tant de sursauts, ne doutait plus du succès de l’entreprise, supputait déjà le chiffre de la somme qu’elle obtiendrait et, d’avance, la divisait en plusieurs parts : tant pour la sage-femme, tant pour la nourrice, tant pour elle-même, en attendant qu’elle se procurât une place.

— Tu feras bien de mettre aussi un peu de côté pour les cas imprévus, recommanda sagement Mme  Champagne, et elles rirent, pensant que la vie avait du bon ; Titi, le chien, que cette joie électrisait, jappa, sauta ainsi qu’un cabri sur la table, accrut encore l’hilarité, en balayant avec le plumeau de sa queue la face réjouie des trois femmes.

— Une idée ! s’exclama subitement Mme  Dauriatte.

Elle se leva, chercha un vieux jeu de cartes et commença une réussite. — Tu vas voir, ma fille, que demain t’auras de la veine ; coupe, non, de la main