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LE BAL DE LA BRASSERIE EUROPÉENNE À GRENELLE



JE m’installai devant une table de café, près de deux dames qui causaient entre elles. L’une, rougeaude et gaie, l’œil clair sous ses cheveux gris, plissait d’une main courte le nœud de sa cravate caroubier ; l’autre, jaune et un peu tirée, prisait obstinément dans un sabot de corne.

Chaque fois qu’elles se parlaient, ces dames se désignaient par leur nom ; la rougeaude interpellait sa voisine Mme Haumont et elle était à son tour appelée Mme Tampois.

De la place où j’étais assis, sur une petite plateforme à laquelle accédaient deux marches, je dominais le bal.

Un peu au-dessus de moi, à droite, s’étageait l’orchestre ; à gauche, surplombant un bassin d’eau morte, se hérissaient les rocailles d’une fausse grotte où trois statues de plâtre rose se dressaient dans