Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/82

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poussée de main vous couche subitement le crâne à gauche.

Tête à droite, tête à gauche, fixe. Et ce va-et-vient de Guignol continue, aggravé par le galop des cisailles qui manœuvrent autour des oreilles, courent sur les joues, entament la peau, cheminent le long des tempes, barrent l'œil qui louche ébloui par ces lueurs claires.

— Monsieur, veut-il le journal ?

— Non.

— Un beau temps, n’est-ce pas, monsieur ?

— Oui.

— Il y a des années que nous n’avons eu un hiver aussi doux.

— Oui.

Puis un temps d’arrêt ; le funèbre jardinier s’est tu. Il vous tient l’occiput maintenant entre ses deux poings et le voilà qui, au mépris des éléments les moins contestés de l’hygiène, vous le balance, en haut, en bas, très vite, penchant sa barbe sur votre front, haleinant sur votre figure, examinant dans la glace de la psyché si les crins tondus sont bien de longueur égale ; le voilà qui émonde, par-ci, par-là, encore, et qui recommence à faire cache-cache avec votre tête qu’il tente en appuyant dessus de vous rentrer dans l’estomac pour mieux juger de l’effet de sa coupe. La souffrance devient intolérable. — Ah ! où sont-ils donc les bienfaits de la