Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/108

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demande en séparation de corps ; il propose simplement un arrangement à l’amiable. Vous vivriez, chacun de votre côté, il ne te servirait aucune pension alimentaire, mais il te restituerait en entier ta dot.

Telles sont les propositions que m’a soumises, en son nom, Me Saparois.

Je lui ai dit, moi, à ce notaire ce qu’il en était et ce que je pensais de la conduite de ton mari. Il me semble invraisemblable, ai-je ajouté, après mûres réflexions, que M. André Jayant soit à même de rendre intacte la dot dont nous avons bien voulu le gratifier. Je n’ai pas célé à Me Saparois que je n’avais jamais été d’avis de donner suite à l’union projetée entre ton mari et toi, j’ai en même temps appelé son attention sur les idées scandaleuses qu’André avait soutenues dans ses livres, et j’ai été forcément amené à cette conclusion qu’il devait avoir dissipé en orgies l’argent qu’une famille honorable avait consenti à lui livrer.

M. Désableau souffla et fit une pose. Il répétait une leçon qu’il piochait depuis trois jours entiers à son bureau. Il continua sur un ton plus emphatique encore :

— Tout en convenant avec moi que cette littérature était odieuse et après avoir déploré, lui aussi, comme tout honnête homme du reste, les excès de ces malheureux qui ne craignent pas d’insulter, dans leurs écrits, tout ce qui est respectable, Me Saparois n’a cependant pas admis la justesse de mes conclusions. Il a prétendu que, parce qu’André se complaisait ar-