Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hème et à un drôle, tu t’étais alliée un honnête homme, tu serais, comme ma femme, heureuse !

Berthe s’emporta. Elle secoua d’un coup l’apathie qui l’accablait depuis sa chute.

— Je ne permettrai pas qu’on parle ainsi de mon mari, devant moi, dit-elle.

Désableau, jeté hors des gonds, suffoqua. Son binocle bondit.

— En voilà assez, balbutia-t-il, j’ai accepté les propositions du notaire, mais j’ai le droit de donner mon opinion sur André et je la donne !

Madame Désableau vint heureuse mettre le holà. Elle ordonna à Berthe de rentrer dans sa chambre.

— Nous recauserons de tout cela, à tête reposée, fit-elle, et elle ajouta : – c’est ridicule, vous criez si fort que la petite peut tout entendre, dans l’autre pièce.

Alors son mari se tut.

— Tu as raison, ma bonne, murmura-t-il, nous devons épargner à l’enfance de notre fille, ces humiliantes et dangereuses révélations. – Ah ! c’est égal, je le lui avais bien dit, moi, à ta nièce, qu’elle contractait un sot mariage, qu’elle épousait un individu qui avait l’œil faux comme trente-six jetons. Elle n’a pas voulu m’écouter, – elle est bien avancée à présent ; – enfin, tiens, n’en parlons plus, ces, histoires-là me bouleversent !

Il tira sa montre, s’assura qu’il lui restait, avant l’heure du coucher, le temps matériel d’accomplir deux ou trois patiences, il se rassit, battit les cartes, les tendit à sa femme pour qu’elle lui portât bonheur