Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/135

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tes fumantes ou couvertes, se déroulait depuis la boutique d’un mastroquet jusqu’au Ministère et là, ils se rejoignaient, se groupaient, riant, les mains pleines, avec un sergent de ville en faction près d’un tonneau de charbonnier, avec les hommes de peine aux livrées bleu-lin, avec le cantonnier chargé d’arroser la rue.

Puis, les visites d’abord rares, arrivaient maintenant en foule. Des fiacres accouraient de tous les points et, s’arrêtant devant l’entrée pavoisée d’un drapeau tricolore, vidaient sur le trottoir près de la guérite inoccupée d’un factionnaire, des gens affairés qui portaient sous le bras des Journaux, des papiers, des livres, se perdaient sous la voûte de la porte-cochère, ne reparaissaient plus que longtemps après, consultaient leurs montres et semblaient embêtés, pour la plupart.

D’autres, comme des figurants et des machinistes qui connaissent les escaliers de service des coulisses et de la scène, disparaissaient par une porte voisine, par la petite porte du n° 9, semblable à l’entrée des artistes de ce théâtre, et des mères-nobles, de vieilles dames aux boudins flageolant sous leurs brides, venues pour quémander des pensions ou des secours, apprêtaient sur le seuil leurs mines contrites et préparaient leurs larmes.

Mais, c’était vers trois heures surtout que la hâte de la rue s’accentuait. Une procession défilait d’importants Messieurs, des Députés, des Sénateurs, des Préfets et d’autres Messieurs décorés de ronds