Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/161

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spirer comme jadis, après une fille qui lui appartiendrait en commun avec beaucoup d’autres. Il aurait son jour et elle le recevrait bien, sachant qu’il était une pratique régulière et qu’il prenait poliment livraison des plaisirs qu’il venait acheter. Persuadé enfin que la possession d’une femme à soi seul, à Paris, était chose impraticable, il se décida à adopter cette combinaison, tentant de se convaincre avec force arguments à l’appui, que s’il avait eu l’aversion des roulures, c’était simplement parce qu’au lieu d’aller toujours chez la même, il en visitait, chaque fois, une différente.

Mais ici, il fallait tout attendre de la chance. Il pouvait vagabonder au travers de cabinets de toilettes et d’alcôves, pendant des mois, avant que de mettre la main sur une femme avenante et qui simulerait convenablement les giries de la bonne fille.

Il chercha et ne découvrit que de mélancoliques farceuses éprises de marloupiers qu’elles s’empressaient, dès qu’il avait le dos tourné, d’aller rejoindre.

Dans cette débâcle, le souvenir de Berthe s’impianta à nouveau encore, mais le cortège des rancunes et des colères qui l’accompagnaient, disparut. André avait perdu toute fermeté, tout ressort. Désespéré, il souhaita de revoir sa femme ; il erra dans les rues avoisinant la demeure des Désableau, il ne rencontra ni les uns, ni les autres, il finit par apprendre indirectement, qu’ils étaient tous partis pour la campagne.

Cyprien le remontait de temps à autre. Il comprenait le silence de son ami qui se taisait sur ses défaillances.