Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/162

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Quelquefois ils passaient la soirée ensemble, et là, tandis qu’ils fumaient des pipes, sans deviser, le peintre s’ingéniait à secouer la pesante inertie d’André.

— Tu as tort, lui dit-il, un jour, de te laisser aller à la dérive. Prends garde, tu vas espérer des malheurs de femmes pour les soulager, tu vas rêver d’invraisemblables discrétions de ta part et de non moins invraisemblables reconnaissances de la part de la personne que tu obligeras pour coucher ensuite avec ! – Allons, voyons, il ne faudrait pourtant pas déraisonner de la sorte, et puis quoi ? Tu le sais pourtant bien, si t’amarrais pour de bon une femme, elle te mettrait l’âme à vif, elle t’écorcherait, tout en ayant l’air de te panser ! – C’est ainsi que les rapports entre la femme et l’homme ont été réglés par la Providence. – Je ne dis pas que cela soit bien, mais c’est comme cela ! – Et, ces soirs-là, Cyprien invitait son ami à déambuler, l’entraînait dans de formidables courses, s’appliquait à l’éreinter de son mieux pour le faire dormir.