Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/177

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tombée. Ce qu’elle doit s’ennuyer à Viroflay ! Ah ! elle est tout de même honnête au fond, pensa-t-il, car enfin la plupart se seraient enfuies avec leur amant ou bien auraient contracté une nouvelle liaison plutôt que de consentir à une vie semblable ! Tiens, dit-il, soudain, sans même s’apercevoir qu’il parlait tout haut, songeant maintenant au bavard qui les avait quittés, j’aurais dû lui demander quand ils reviendront de la campagne.

— Je m’en informerai, si tu veux, auprès du concierge, proposa Cyprien, à voix basse.

André rougit et se tut.

Le peintre le regardait, ému, suivant ces douleurs à la piste. Sa pensée emboîtait le pas à celle d’André et si elle perdait ses traces par instants, elle la rattrapait forcément à un coin de route. Il cherchait les moyens de distraire son camarade et formait le dessein de lui appliquer d’énergiques moxas, de le pocharder. La vue d’une femme qui vint s’asseoir devant leur table lui suggéra l’idée de la lancer sur son ami. S’il peut l’emmener, ce soir, rumina-t-il, il est sauvé ; le réveil ne sera certes pas gai, mais il aura du moins évité le plus triste, la rentrée, ce soir, dans son logis, seul. – Et, Cyprien préparant un abordage, laissa glisser son papier à cigarette sous la table et s’excusa auprès de la femme qui écarta. gracieusement ses pieds pour lui permettre de ramasser son cahier sous la banquette.

Il le ramena, trempé par les salives qui baignaient le plancher. La femme eut une petite moue répu-