Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/194

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Il y aurait un petit volume à écrire sur chacun des arrondissements de Paris, à ce point de vue, un guide pour les raffinés et les artistes, conclut André ; il faudra que j’en parle à Cyprien, mais, diable, neuf heures, se dit-il, écoutant une horloge frapper un à un, ses coups, il est temps de rentrer, et alors, sans plus lanterner devant les boutiques qu’il n’examinait même pas, tout entier qu’il était à ses méditations, il s’achemina vers son logis.

Il se donna une contenance dégagée, franchit la cour en faisant sonner ses bottes, essuya le regard étonné du concierge appuyé sur son balai, grimpa, trouva Mélanie en train de secouer les tapis sur la terrasse. Elle se retourna au bruit de la clef dans la serrure, dévisagea éloquemment son maître, puis peu à peu son œil de chouette remua et ses lèvres s’ouvrirent.

— L’on n’a pas apporté un paquet pour moi ? jeta André, qui voulut étouffer les questions qui allaient poindre.

Elle répondit non, les yeux fichés, grands ouverts, sur lui ; puis sa ténacité auvergnate dompta sa crainte de déplaire et elle dit, en pliant le paletot cassé sur le dos d’un fauteuil :

— Monsieur a l’air fatigué, faut-il que je défasse la couverture ?

Un non sec qui fut lancé du cabinet où André se lavait la bouche la désarçonna. – Elle rengaîna sa curiosité, remettant à un moment plus propice l’occasion de la satisfaire.