Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

monsieur très comme il faut, dont elle fit longuement l’éloge.

André lui reprocha intérieurement ce manque de tact il était pourtant cause. Il se décida à ne plus la questionner, mais malgré lui il aborda plusieurs fois à ce thème. Alors Blanche se coupa dans ses réponses et lui s’affermit dans cette idée qu’elle recevait, chaque après-midi, des gens retenus, le soir, dans leurs foyers, et il était ennuyé qu’elle pût avoir toute une série d’hommes ! Il ressentait un certain dépit, trouvant naturel qu’elle eût un amant sérieux, mais deux, trois, quatre, non pas ; elle lui parut trop fille.

Parfois, il se tâtait et demeurait penaud, se demandant avec tristesse à quoi avaient abouti les dures leçons de ses vieilles amours ? – Il était aussi niais que jadis ! Il avait, par une chance exceptionnelle, découvert la femme longtemps convoitée, et, au lieu de rester dans une intelligente incertitude, il allait, mû par un sentiment bête d’amour-propre, de jalousie, d’il ne savait quoi, s’immiscer dans ses affaires, s’exposer à d’inquiétantes vérités ou à de grossiers mensonges.

Il n’aimait pas Blanche cependant ! Et il avait peur en examinant de trop près ce malaise de cœur, d’arriver à ce piètre résultat : la crainte de n’être point le préféré. À deux amants, il pouvait le croire, étant celui des deux qui n’entretenait pas. – À trois ou quatre, cette enfantine illusion partait.

Il restait préoccupé, analysant la sottise de ses pensées