Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/200

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auprès d’elle ; et parfois Blanche l’examinait, contrainte, songeant qu’il avait peut-être des chagrins et pour détendre ses ennuis, elle se mettait alors, au piano, et tapotait difficilement des valses. – Je fais des progrès, – n’est-ce pas, disait-elle ?

Il répondait oui, par politesse.

— Tiens, je prends trois leçons, par semaine. Vrai, ce serait malheureux si, en m’appliquant je n’avançais pas !

André inclinait la tête.

— Du reste, affirmait-elle, ma maîtresse est très capable. On profite avec elle, ce n’est pas comme ma professeur de français ; elle a cherché, un jour, un mot dans le dictionnaire, crois-tu ? Tiens, pardi, j’en ferais bien autant ; aussi, tu comprends, je l’ai remerciée,

Les soirées se succédèrent chez Blanche, plus mornes chaque fois. André commençait à la juger un peu panade, malgré ses ardeurs brutales et ses allures bataillantes, au lit ; puis le découcher s’altérait pour lui ; deux fois sur trois, il revenait malade, la tête en feu, le cœur soulevé et il devait s’étaler sur son lit, se coller de l’opium sur les tempes pour amortir ses douleurs et tâcher de dormir.

Alors parurent les inconvénients des nuits passées au dehors ; l’ennui du réveil dans une chambre close puant le renfermé et le musc, l’impossibilité d’effectuer sa toilette dans un cabinet plein de hardes qu’on éclabousse, la nécessité d’aller remplir le broc que les dépenses de la nuit ont presque vidé,