Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

idée sur les professions qui pouvaient s’y exercer. C’était ordurier et triste, voilà tout.

Il retourna chez lui où Cyprien installé dans un fauteuil l’attendait. Il lui raconta, non sans quelques hésitations, son aventure. Le peintre l’écouta, attisant sa cigarette, rendant la fumée par les narines, hochant simplement la tête.

Ses conjectures étaient les mêmes que celles d’André. C’était un revenez-y motivé par un pressant besoin d’argent. – De deux choses l’une, fit-il : ou Jeanne loge chez la veuve Laveau, faute de quoi payer le terme d’une chambre et la veuve doit lui laisser entendre, en qualité de camarade, qu’elle serait bien aise de la voir déguerpir, ou bien encore la veuve en question tient à garder son amie pour allécher ses clients et les exploiter. Ce sont, à mon sincère avis, deux noceuses et deux roublardes. Dans tous les cas, que Jeanne fréquente celui-ci ou celui-là, ou qu’elle soit presque honnêtement dans une misère digne, le résultat sera le même, tu seras énergiquement tapé !

— Mais, dit André, vexé par ces suppositions qui lui salissaient, dans la bouche d’un autre, le souvenir de sa maîtresse, tu bâtis des édifices sur des riens, toi ! – Tu n’en sais pourtant pas plus long que moi sur elle ; rien ne prouve d’ailleurs que la femme Laveau à qui tu attribues une importance qu’elle n’a sans doute pas, ne soit point tout bonnement une amie d’atelier qui, pour un motif que