Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/23

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et retrouvés maintenant, des eaux teintées d’opale qui baignent les bleus roseaux imprimés dans le fond des larges cuvettes.

Lorsque André interrompait sa marche, la pendule jasait clairement, jetant son tictac monotone, coupé net par la plainte d’un meuble, par la corde d’un store qui frappait aux vitres.

André fit un pas, s’arrêta devant sa femme. Il s’efforçait d’être calme, mais les mots saccadaient, passant par sa voix tremblée.

— Une heure du matin, dit-il ; il est temps que pour sauver les apparences, Monsieur se r’habille et parte.

Le Monsieur eut un geste vague. La femme plia encore les épaules, sa main s’ouvrit et le drap qu’elle pressait se détendit, doucement, comme un linge humide.

— Allons, Monsieur, poursuivit André, il faut en finir, je n’ai nul intérêt, moi, à contempler vos formes, la situation est suffisamment ridicule, mettons y un terme.

— Ah ! quand on songe, reprit-il…, il est vrai qu’à force d’avoir étudié les femmes et d’avoir acquis pour elles un sacré mépris, on finit par où les nigauds commencent ! mais je parle et le temps s’écoule. Ah ! pour Dieu ! en voilà assez ; vous êtes prêt, n’est-ce pas ?

Le jeune homme enfilait son pantalon, et sa chemise, mal tassée, faisait, dans sa culotte, des bosses derrière. Il boutonna son gilet à peine, mit ses bottines et