Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/24

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son habit. Une fois vêtu, il reprit un peu d’assurance, il regarda le mari, en face, ânonna quelques mots sans suite et tâta dans la poche de sa redingote.

— Vous cherchez une carte de visite, dit André, on ne la trouve jamais lorsqu’on en a besoin, c’est comme un fait exprès. Mais, peu importe, votre nom de famille m’est indifférent ; quant à votre prénom, ma femme doit le connaître, et, au cas où elle ignorerait votre adresse, vous pourrez la lui envoyer demain, pour qu’elle aille vous rejoindre si bon lui semble. Maintenant, prenez votre chapeau et partons.

Le jeune homme se défiait, malgré tout, craignant une embûche. Il appréhendait que le mari ne l’obligeât à passer devant, et la perspective de s’enfoncer, à tâtons, dans le noir, lui souriait peu. Mais André le précéda, la bougie au poing. Ils descendaient lentement, n’échangeant plus une parole. Arrivé au bas de l’escalier, près des pommes en verre de la rampe, André se retourna et, haussant le chandelier, dit simplement : – Prenez garde, Monsieur, il y a une marche ; et il ajouta : je vous préviens pour que vous ne tombiez pas, ça ferait du bruit.

Il frappa au carreau de la concierge, la porte s’ouvrit et il la referma sur le dos du jeune homme qui eut un long soupir de soulagement et murmura :

— Cristi ! j’ai eu une fière chance de m’en être tiré comme cela !