Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/280

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son de Londres qui paye également l’aller du voyage.

André ne fut nullement convaincu et il attaqua furieusement la qualité de la nourriture qu’on servirait à Jeanne, exprima le dégoût qu’elle ressentirait à coucher avec une autre.

Enfin, reprit Jeanne, en admettant même que tu aies raison, je ne peux plus me dédire. Mon contrat est signé et j’aurais une grosse somme à payer si je ne partais pas.

André n’insista plus.

À dater de ce jour, Mélanie eut beau s’ingénier à façonner des chatteries et des petits plats, ce fut peine perdue. La gourmandise des temps heureux avait disparu ; éclose tout d’un coup, elle mourut de même. Une tristesse planait maintenant sur André et sur Jeanne. Cette réflexion « nous n’avons plus que quelques jours à vivre ensemble » ; s’imposait à eux, ne les quittait plus. Les angoisses d’André devinrent même si despotiques qu’il espéra comme une délivrance le départ de Jeanne. Bien qu’il se ressassât les même idées, pendant des heures, il souffrait moins peut-être quand il était seul. La vue de Jeanne développait ses rancœurs et ses regrets ; et la tristesse de chacun, augmentée de celle de l’autre, devenait pour tous les deux intolérable.

Leurs rendez-vous s’espacèrent, heureusement, bientôt, car Jeanne ne le visita plus que très irrégulièrement, occupée, disait-elle, par les préparatifs de son voyage.

Il reçut une lettre enfin, portant le timbre de Bou-