Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/279

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non plus, tu vois bien ; tu n’es pas fâché contre moi, dis ?

Il eut un geste vague, elle le baisa sur la bouche et sourit un peu :

— Tiens, il y a un mois déjà que j’ai signé mon engagement, je savais bien que cela te peinerait, ainsi je ne pouvais pas me décider à te l’apprendre ; je suis allée rue Richelieu à l’agence de mademoiselle Tricot, une grosse maman très farce, qui a des lunettes rondes sur le nez et des boudins à la reine Amélie le long de joues. Elle s’est procuré des renseignements dans des maisons où j’ai travaillé et elle m’a fait signer un contrat de trois mois. C’est une brave femme qui a la spécialité d’exporter des ouvrières et qui est professeur de natation pour dames, quand ses marchés son conclus, l’été.

Et Jeanne se mit à rire, espérant qu’André se dériderait aussi, mais le portrait de mademoiselle Tricot ne le toucha guère et, mal disposé pour cette négociante qui expédiait. sa maîtresse au loin, il s’acharna au contraire sur l’agence qu’elle dirigeait, déclarant que c’était une boîte à filous, un rendez-vous d’entremetteuses, affirmant sans preuves, du reste, que Jeanne s’était fait voler.

Mais la petite secouait la tête, soutenant qu’elle ne risquait rien, expliquant la marche de ces sortes d’affaires, répétant :

— Les conditions sont celles-ci : je suis engagée à cent quarante francs par mois, plus la nourriture, le logement (un lit pour deux ouvrières par exemple) ; quant aux frais de courtage, ils sont à la charge de la mai-