Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/301

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les découpe et te les pétrisse dans une pâtée de pain, mais enfin tous ces détails étaient nécessaires pour te faire bien comprendre les nausées d’âme que M. Désableau a endurées à la vue de nos trois personnes.

Le chat, impatienté par ce discours, roula des yeux noirs, à peine cerclés de j’aune, aux bords, et il se tordit plus furieusement entre les mains du peintre.

— Laisse-le donc, jeta Mélie, est-ce que cet animal peut comprendre toutes les histoires que tu lui racontes ?

— Ta mère a raison, déclara Cyprien. Va, mon fils, tu dois être édifié maintenant ; et il lâcha Alexandre qui se précipita en bas du lit et se secoua vivement sur le parquet, dans une nuée de poils rouges.

— Mon Dieu ! que tu es bête, mon vieux Cyprien, soupira Mélie.

— Tes aperçus sont parfois justes, répliqua le peintre.

Leurs entretiens finissaient souvent de la sorte.

Ils formaient, à eux deux, un concubinage modèle, basé sur une réciproque indulgence, une union où les sens éreintés, organisée par une femme qui n’était plus jeune et qui n’avait, au travers de noces subies comme on supporte les fatigues d’un périlleux métier, poursuivi qu’une idée, qu’un but, découvrir un homme qui consentiraient à la tirer de l’eau et à la mettre à sec sur une berge. Elle flaira en Cyprien un sauveteur ; elle saisit que celui-là