Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/331

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— Va, t’as bien fait, mon vieux, cria Mélie, en versant le café. Il aime pas-les bêtes, ce Monsieur là, ça doit être un vilain homme… Elle s’arrêta et resta la cafetière en l’air, pétrifiée, se rappelant que Désableau était un parent d’André, pensant qu’elle venait de lâcher une balourdise.

Mais celui-ci se prit à sourire.

— Oh ! il ne faut pas vous gêner, dit-il ; ce n’est certes pas moi qui le défendrais, le Désableau !

Ils étaient assis, le ventre un peu écarté de la table maintenant, la serviette posée en fouillon sur la nappe, et tandis que Mélie arrosait sa tasse avec du kirsch, ils fumaient, tous les deux, des cigarettes mouillées par le café qui filtrait, malgré leurs soins, dans leurs moustaches.

— Ne faites pas attention, monsieur André, murmura Mélie, un peu honteuse de siroter aussi copieusement devant le monde. Que voulez-vous ? c’est là mon petit vice ; – et elle se versa un nouveau verre.

André l’assura que c’était un vice bien porté, puis, malgré lui, il revint à Désableau.

— C’est tout ce qu’il t’a raconté ?

— Oui, je te l’ai appris. Il s’est plaint que tu n’aies pas autorisé l’achat de la maison de Viroflay.

— Et il n’a pas ajouté autre chose sur Berthe ? reprit André, avec un peu d’hésitation.

— Non… rien, si ce n’est qu’elle est souffrante. D’ailleurs ça se conçoit, la pauvre femme doit mourir d’ennui chez son oncle.