Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/332

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— À qui la faute ? Tant pis, c’est bien fait, elle n’avait qu’à se conduire proprement. C’est ma vengeance, à moi, de savoir qu’elle est chez des raseurs comme les Désableau et qu’elle s’y embête !

— Ne dites donc pas des choses pareilles, monsieur André, s’écria Mélie. Vous n’êtes pas un sans-cœur, vous n’aimeriez pas voir souffrir le monde. Mon Dieu ! le comprends bien que vous soyez colère après votre dame, mais, si vous saviez, une jeune femme, c’est plus godiche qu’on ne croit. Elle a ses petites idées, sa petite tête, elle faute sans connaître parce qu’un gredin homme lui a frôlé la bouche. Au fond, allez, ça n’a pas l’importance que vous croyez et puis, dans tous les cas, ce n’est pas une raison parce qu’une – femme a commis une maladresse qui lui est retombée sur le nez, pour qu’on lui cogne encore dessus, comme il y a des parents qui giflent leurs enfants lorsqu’ils se fichent par terre et qu’ils se font du mal !

— Tu en parles bien à ton aise, toi, murmura Cyprien. Si tu étais à la place des gens qu’on trompe…

— Oh ! J’y ai été à cette place-là et, toute ma vie, moi ! Autrefois je pleurais toutes les larmes de mon corps lorsque mon amant courait avec d’autres, mais au fond, ça ne m’empêchait pas d’avoir du sentiment pour lui, je l’aimais même encore plus, et pour rien au monde, j’aurais voulu le quitter ! Il est certain que, lorsqu’on est jeune, on se révolutionne les sangs pour des riens ; maintenant c’est fini, je ne m’en fais plus accroire. Pourvu que je ne crève pas trop