Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/341

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elle contempla machinalement la pointe de sa main gantée qu’elle poussa légèrement en avant, sur son genou.

Les yeux d’André suivirent ce mouvement et se fixèrent sur les doigts qui remuaient un peu.

Ils restèrent silencieux, les regards, fixés sur cette main gantée, puis André respirant plus fort reprit le rouleau, le tourna et le retourna, et d’instinct il l’abandonna, voyant qu’il le mollissait et que l’empreinte jaune de son pouce, taché par la fumée des cigarettes, marquait près du fil, sur le papier blanc.

— Tu es malade ? fit-il doucement, et il chercha à distinguer les traits de Berthe sous la voilette.

Elle lui parut plus pâle que jadis, avec des yeux plus grands.

Elle eut un sourire un peu dolent et répondit, d’une voix tremblée : je ne suis pas bien portante depuis longtemps déjà, mais je vais plutôt mieux. Le médecin assure à mon oncle que je n’ai pas de lésions et que je me remettrai avec de la chaleur et du beau temps.

— Et il va bien ton oncle ? demanda André avec un peu d’hésitation.

Elle inclina légèrement la tête.

À bout de paroles, André ressaisit les papiers et il essaya de défaire le nœud qui les liait. Il s’écorna les ongles sans réussir. Berthe se déganta et, un peu rouge, détortilla le fil.

— Ah ! ce sont des devis et un plan… Et il se plongea le nez dans les pièces qu’il ne put parvenir à lire.