Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/340

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— Entre, murmura-t-il, fermant la porte du palier qui était restée tout contre.

Elle marcha devant lui, hésitant devant le noir du petit salon et, pendant une seconde que dura le trajet d’une pièce dans l’autre, derrière le pas indécis de Berthe, une honte rapide de son émotion, de son trouble, prit André, une honte d’homme un peu ivre qui, voulant cacher son état aux autres, tâcherait de ne pas parler, de se montrer calme.

Il désigna de la main à sa femme le fauteuil, près de la cheminée et, plaçant la lampe qu’il rapportait sur son bureau, il assujettit le verre de ses doigts tremblants, soupirant – oh ! comme elle fume !

Puis, instinctivement, il se renversa sur le canapé, un peu en arrière pour sortir du cercle de lumière tracé par l’abat-jour, n’osant dévisager sa femme, sentant son embarras, son angoisse s’accroître de toute la gêne de Berthe qui remuait, sans lever les yeux, avec sa main, la chaînette de son en-tout-cas.

— Je ne pensais pas venir, dit-elle, très bas. – Ah ! après tout ce qui s’est passé, il a fallu des circonstances pour que je sois ici ; enfin, tu verras, c’est pour affaires. Du reste, j’ai apporté toutes les pièces et elle fouilla fébrilement dans sa robe, debout, cherchant avec précipitation, plusieurs fois dans la même poche, avant que d’amener un rouleau de papier retenu par du fil blanc.

Elle le tendit à André qui le posa sur le divan sans l’ouvrir.

Berthe se rassit et, laissant l’en-tout-cas tranquille,