Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/64

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n’ai rien appris. – Mes toiles ont été refusées à tous les salons et ne se sont pas vendues. Je les ai chez moi encore et il y a beau temps que les originaux ont été achetés et je ne les ai plus ! – Enfin, ce qui me console, c’est que si notre sort n’est pas digne d’envie, celui de nos anciens copains de collège ne me paraît pas l’être beaucoup plus à ce que j’en sais du moins – et il citait un nom :

Letousey, par exemple, celui qui lança au pion qui voulait le rosser, cette apostrophe mémorable : « si t’approches, je te casse la dent qui te fait schlinguer ! » il est, m’a-t-on affirmé, employé à 1,800 francs dans un ministère.

— De la dêche ! répliquait André. – Une femme, sans doute – des enfants – logement au cinquième – lampe de pétrole – buffet de faux chêne – piano d’acajou. – La femme a nourri, elle-même, par économie – seins déformés. – Le dimanche, roulement du dernier-né dans une petite voiture, remisée, le soir, au bas des escaliers. Des nuits occupées à surveiller les dents de lait qui poussent. – Avec cela, travail opiniâtre d’aiguille ; prise dans le haut du pantalon, du drap nécessaire pour coudre une pièce au bas. De la dêche ! ou bien la mariée cascade !

— Et Degagnac, tu te souviens ? reprenait-il ; ce maniaque qui avait la vue basse parce que sa nourrice était myope – et c’est lui qui le disait du moins.

— Degagnac, l’homme qui a têté le lait de la cécité, que diable est-il devenu ?

— Je ne sais pas, répondait Cyprien. – Celui-là a dû séduire