Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/65

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la bonne de sa mère et il vit maritalement avec.

À l’heure où les vieux concubinages sortent des allées, le soir, on le verrait sûrement, dans un quartier vague, accolé à un monstre gras, tétant un cigare de cinq centimes, causant avec les portiers, à cheval sur des chaises, devant leurs portes.

Et un tel ? et tel autre ? et des noms défilaient – des figures tantôt précises, tantôt vagues, à peine tracées, passaient, une à une. André se rappelait celle-ci, Cyprien plus. Cyprien revoyait encore celle-là et André la cherchait en vain. Aucun, dans tous ceux dont ils évoquaient l’image, n’apparaissait, dans une auréole de richesse et de bien-être. – Un seul faisait exception, le plus bête de tous, le fils d’un marchand de couleurs. – Celui-là s’était enrichi dans la céruse et dépensait ses revenus à boire des chopes et à parier aux courses.

— Tout cela, ce n’est pas consolant, dis donc, murmura Cyprien – et, avec cela, pas d’échappées, pas de vues ! Un long mur de débine partout. – Les anciens amis, les camarades que l’on rencontre, les connaissances que l’on salue, tous accablés par des stations dans les gargotes par des amours rationnées, par des postulations vers des femmes qui appartiennent aux autres ! Partout, des arias avec le propriétaire, des transes aux approches du terme ! Partout, une éternelle et irrévocable dêche ! Tiens, regarde, voilà un jeune homme qui passe ; le paletot est presque neuf, mais les bottines sont blettes, les élastiques