Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/69

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Cyprien ne crut pas utile de répondre à cette réflexion. L’arpette l’étonnait d’ailleurs ; jamais il n’avait vu autant de rousseurs sur un visage, des bras plus rouges et des mains plus noires. Il fut tiré de sa contemplation par l’arrivée de Mélanie qui demeura stupéfiée devant son maître.

— Bonjour, Monsieur André, dit-elle enfin. Monsieur va toujours bien ? Et elle regardait s’il n’avait pas un crêpe à son chapeau. N’en apercevant point, elle concluait sans doute que la bourgeoisie n’était pas morte, comme elle l’avait cru.

André la prit à part, lui raconta que sa femme était très malade, qu’elle ne pouvait revenir à Paris d’ici longtemps. Il coupa court aux jérémiades que Mélanie jugeait de bon goût de pleurnicher et il lui proposa simplement ainsi qu’autrefois trente-cinq francs et la nourriture pour préparer son manger et nettoyer ses pièces. Elle hésitait. C’est que j’ai plusieurs ménages, finit-elle par dire. Elle accepta pourtant, déclara par exemple qu’elle ne pourrait entrer à son service, avant le commencement de l’autre mois. André voulait qu’elle vînt, dans trois jours, au moment même où il emménagerait. Elle s’y refusa, ne pouvant ainsi abandonner ses clients dont elle entama l’éloge. André l’interrompit, accepta ses conditions, lui donna son adresse, se souvint qu’elle était mariée, s’enquit de l’état de santé du sergent de ville, son époux, coupa court encore aux longs détails qu’elle commençait et, sorti, dans la rue, oubliant tout à coup la tristesse qu’il avait agitée, il prit le