Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/201

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Le prêtre haussa les épaules. — Voyons, vous m’avez questionné sur ma petite Trappe ; je vais m’efforcer de vous satisfaire. Elle est minuscule si on la compare à la grande Trappe de Soligny ou aux établissements de Sept-Fonds, de Meilleray ou d’Aiguebelle, car elle ne se compose que d’une dizaine de pères de chœur et d’une trentaine de frères-lais ou convers. Il y a aussi avec eux un certain nombre de paysans qui travaillent à leurs côtés et les aident à cultiver la terre ou à fabriquer leur chocolat.

— Ils font du chocolat !

— Cela vous étonne ? et avec quoi voulez-vous qu’ils vivent ? Ah dame ! Je vous préviens, ce n’est pas dans un somptueux monastère que vous irez !

— J’aime mieux cela. — Mais, à propos des légendes sur les Trappes, je suppose que les moines ne se saluent pas d’un « frère, il faut mourir » et qu’ils ne creusent pas, chaque matin, leur tombe ?

— Ce sont des histoires à dormir debout. Ils ne s’occupent nullement de leur tombe et ils se saluent silencieusement, puisqu’il leur est interdit de parler.

— Mais alors, comment ferai-je, moi, si j’ai besoin de quelque chose ?

— L’abbé, le confesseur, le père hôtelier ont le droit de converser avec les hôtes ; vous n’aurez affaire qu’à eux seuls ; les autres s’inclineront devant vous lorsqu’ils vous rencontreront, mais si vous les interrogez, ils ne vous répondront pas !

— C’est toujours bon à savoir. — Et comment sont-ils habillés ?