Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/213

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son Fils, la peine qu’elle eût dû supporter à sa naissance. Il s’étend enfin en de doctes analyses sur Celle qu’il nomme la Trésorière de tout bien, la Médiatrice d’amour et d’impétration. — Oui, mais pour s’entretenir avec elle, rien ne vaut « l’Officium parvum beatae Virginis » que je déposerai avec mon paroissien dans ma valise, conclut Durtal ; ne dérangeons donc point le livre de M. Olier.

Mon fonds commence à s’épuiser, reprit-il. Angèle de Foligno ? certes, car elle est un brasier autour duquel on peut se chauffer l’âme. Je l’emmène avec moi ; — puis quoi encore ? les Sermons de Tauler ? C’est tentant — car jamais on n’a mieux que ce moine traité les sujets les plus abstrus avec un esprit plus lucide. À l’aide d’images familières, d’humbles rapprochements, il parvient à rendre accessibles les plus hautes spéculations de la Mystique. Il est et bonhomme et profond ; puis il verse un peu dans le quiétisme, et ce ne serait peut-être pas mauvais d’absorber, là-bas, quelques gouttes de ce looch. Au fait, non, j’aurai surtout besoin de tétaniques. Quant à Suso, c’est un succédané bien inférieur à saint Bonaventure ou à une sainte Angèle, — je l’écarte ainsi que sainte Brigitte de Suède, car celle-là me semble, dans ses entretiens avec le ciel, assistée par un Dieu morose et fatigué, qui ne lui décèle rien d’imprévu, rien de neuf.

Il y a bien encore sainte Madeleine de Pazzi, cette Carmélite volubile qui procède dans toute son œuvre par apostrophes. C’est une exclamative, habile aux analogies, experte en concordances, une sainte affolée de métaphores et d’hyperboles. Elle converse directement avec