Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/214

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le Père, et bégaie, dans l’extase, les applications des mystères que lui divulgua l’Ancien des jours. Ses livres contiennent une page souveraine sur la Circoncision, une autre magnifique, construite toute en antithèses, sur le Saint-Esprit, d’autres étranges sur la déification de l’âme humaine, sur son union avec le ciel, sur le rôle assigné dans cette opération aux plaies du Verbe.

Elles sont des nids habités ; l’aigle qui représente la Foi gîte dans l’aire du pied gauche ; dans le trou du pied droit réside la gémissante douceur des tourterelles ; dans la blessure de la main gauche, niche la colombe, symbole de l’abandon ; dans la cavité de la main droite, repose l’emblème de l’amour, le pélican.

Et ces oiseaux sortent de leurs nids, viennent chercher l’âme pour la conduire dans la chambre nuptiale de la plaie qui saigne au côté du Christ.

N’est-ce pas aussi cette Carmélite qui, ravie par la puissance de la grâce, méprise assez la certitude acquise par la voie des sens pour dire au Seigneur : « Si je vous voyais avec mes yeux, je n’aurais plus la Foi, parce que la Foi cesse là où se trouve l’évidence ».

— Tout bien considéré, fit-il, avec ses dialogues et ses contemplations, Madeleine de Pazzi ouvre d’éloquents horizons, mais l’âme, lutée par la cire des péchés, ne peut la suivre. Non, ce ne serait pas cette sainte-là qui me rassurerait dans un cloître !

Tiens, poursuivit-il en secouant la poussière qui couvrait un volume à couverture grise, tiens, c’est vrai, je possède le « Précieux Sang » du P. Faber ; et il rêva, en feuilletant, debout, les pages.

Il se remémorait l’impression oubliée de cette lecture.