Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/22

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lys des cantiques, ou la pénitentielle odeur de la myrrhe des psaumes.

Il y eut alors entre artistes, une coalition de cervelles, une fonte d’âmes. Les peintres s’associèrent dans un même idéal de beauté avec les architectes ; ils affilièrent en un indestructible accord les cathédrales et les Saintes ; seulement, au rebours des usages connus, ils sertirent le bijou d’après l’écrin, modelèrent les reliques d’après la châsse.

De leur côté, les proses chantées de l’Eglise eurent de subtiles affinités avec les toiles des Primitifs.

Les répons de Ténèbres de Vittoria ne sont-ils pas d’une inspiration similaire, d’une altitude égale à celles du chef-d’œuvre de Quentin Metsys, l’ensevelissement du Christ ? Le « Regina Cœli » du musicien flamand Lassus n’a-t-il pas la bonne foi, l’allure candide et baroque de certaines statues de retables ou des tableaux religieux du vieux Brueghel ? Enfin le « Miserere » du maître de chapelle de Louis XII, de Josquin de Près, n’a-t-il pas, de même que les panneaux des Primitifs de la Bourgogne et des Flandres, un essor un peu patient, une simplesse filiforme un peu roide, mais n’exhale-t-il point, comme eux aussi, une saveur vraiment mystique, ne se contourne-t-il pas en une gaucherie vraiment touchante ?

L’idéal de toutes ces œuvres est le même et, par des moyens différents, atteint.

Quant au plain-chant, l’accord de sa mélodie avec l’architecture est certain aussi ; parfois, il se courbe ainsi que les sombres arceaux romans, surgit, ténébreux et pensif, tel que les pleins cintres. Le « De Profundis », par