Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/240

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vaste bâtiment, d’une espèce de château délabré, flanqué de deux ailes en avance sur une cour.

Le frère entra dans l’aile qui touchait à la grille. Durtal enfila après lui un corridor percé de portes peintes en gris ; sur l’une d’elles, il lut ce mot : « Auditoire ».

Le trappiste s’arrêta devant, souleva un loquet de bois, installa Durtal dans une pièce et l’on entendit, au bout de quelques minutes, des appels répétés de cloche.

Durtal s’assit, inspecta ce cabinet très sombre, car la fenêtre était à moitié bouchée par des volets. Il y avait pour tout mobilier : au milieu, une table de salle à manger couverte d’un vieux tapis ; dans un coin un prie-Dieu au-dessus duquel était clouée une image de saint Antoine de Padoue berçant l’enfant Jésus dans ses bras ; un grand Christ pendait sur un autre mur ; çà et là, étaient rangés deux fauteuils voltaire et quatre chaises.

Durtal ôta de son portefeuille la lettre d’introduction destinée au père. Quel accueil va-t-il me faire ? Se demandait-il ; celui-là peut parler, au moins ; enfin, nous allons voir, reprit-il, en écoutant des pas.

Et un moine blanc, avec un scapulaire noir dont les pans tombaient, l’un sur les épaules, l’autre sur la poitrine, parut ; il était jeune et souriait.

Il lut la lettre, puis il prit la main de Durtal, étonné, l’emmena silencieux au travers de la cour jusqu’à l’autre aile du bâtiment, poussa une porte, trempa son doigt dans un bénitier et le lui présenta.

Ils étaient dans une chapelle. Le moine invita d’un signe Durtal à s’agenouiller sur une marche, devant l’autel, et il pria à voix basse ; puis il se releva, retourna len-