Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/293

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Un peu rassuré, le pénitent commença sans trop d’angoisses. Il s’accusait de toutes les fautes communes aux hommes, manque de charité envers le prochain, médisance, haine, jugements téméraires, injures, mensonges, vanité, colère, etc.

Le moine l’interrompit, un moment.

— Vous avez déclaré, je crois, tout à l’heure, que, dans votre jeunesse vous aviez contracté des dettes ; les avez-vous payées ?

Et sur un signe affirmatif de Durtal, il fit : Bien — et poursuivit :

— Avez-vous fait partie d’une société secrète ? vous êtes-vous battu en duel ? — je suis obligé de poser ces questions, car ce sont des péchés réservés.

Non ? — Bien — et il se tut.

— Envers Dieu, je m’accuse de tout, reprit Durtal ; comme je vous l’ai avoué, hier, depuis ma première communion, j’ai tout quitté, prières, messe, enfin tout ; j’ai nié Dieu, je l’ai blasphémé, j’avais entièrement perdu la Foi.

Et Durtal s’arrêta.

Il arrivait aux forfaits des chairs. Sa voix faiblit.

— Ici, je ne sais plus comment m’expliquer, fit-il, en refoulant ses larmes.

— Voyons, dit doucement le moine, vous m’avez affirmé, hier, que vous aviez commis tous les actes que comporte la malice spéciale de la Luxure.

— Oui, mon père. — Et, tremblant, il ajouta : — Dois-je entrer dans des détails ?

— Non, c’est inutile. Je me bornerai à vous demander, parce que cela change la nature du péché, s’il y a eu,