Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/297

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Fils pour vous sauver. Rappelez-vous aussi que Dieu a voulu que toutes les grâces nous vinssent par Elle. Saint Bernard le déclare expressément : « Totum nos habere voluit per Mariam. »

Le moine fit une nouvelle pause et il ajouta :

— Le chapelet met, du reste, les sots en fureur et c’est là un signe sûr. Vous voudrez bien, comme pénitence, réciter une dizaine, pendant un mois, chaque jour.

Il se tut, puis lentement, il reprit :

— Nous gardons tous, hélas ! cette cicatrice du péché originel qu’est le penchant au mal ; chacun la ménage plus ou moins ; vous, depuis l’âge de discrétion, vous l’avez constamment ouverte, mais il suffit que vous exécriez votre plaie pour que Dieu la ferme. Je ne vous parlerai donc pas de votre passé, puisque votre repentir et votre ferme propos de ne plus pécher l’effacent. Demain, vous recevrez le gage de la réconciliation, vous communierez ; après tant d’années, le Seigneur s’engagera dans la route de votre âme et s’y arrêtera ; abordez-le avec grande humilité et préparez-vous d’ici-là, par la prière, à ce mystérieux cœur à cœur que sa bonté désire. Dites maintenant votre acte de contrition, je vais vous donner la sainte absolution.

Le moine leva les bras et les manches de sa coule blanche volèrent ainsi que deux ailes au-dessus de lui. Il proférait, les yeux au ciel, l’impérieuse formule qui rompt les liens ; et trois mots prononcés, d’une voix plus haute et plus lente : « Ego te absolvo » tombèrent sur Durtal qui frémit de la tête aux pieds.