Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/328

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tête de diable peinte au minium sur un fond noir.

Et, au-dessus de tout cela, s’il levait les yeux, c’était la mer silencieuse et renversée du ciel, une mer bleue, crêtée de nuages blancs qui s’escaladaient comme des vagues ; et ce firmament courait en même temps dans l’eau où il moutonnait sous une vitre glauque.

Durtal se dilatait, en fumant des cigarettes ; la mélancolie qui le comprimait depuis l’aube commençait à se fondre et la joie s’insinuait en lui de se sentir une âme lavée dans la piscine des Sacrements et essorée dans l’aire d’un cloître. Et il était, à la fois, heureux et inquiet ; heureux car l’entretien qu’il venait d’avoir avec le père hôtelier lui ôtait les doutes qu’il pouvait conserver sur le côté surnaturel que présentait le soudain échange d’un prêtre et d’un moine, pour le communier ; heureux aussi de savoir que, non seulement, malgré les désordres de sa vie, le Christ ne l’avait pas repoussé, mais encore qu’il lui accordait des encouragements et lui donnait des gages, qu’il entérinait par des actes sensibles l’annonce de ses grâces. Et il était néanmoins inquiet, car il se jugeait encore aride et il se disait qu’il allait falloir reconnaître ces bontés par une lutte contre soi-même, par une nouvelle existence complètement différente de celle qu’il avait jusqu’ici menée.

Enfin, nous verrons ! et il s’en fut, presque rasséréné, à l’office de Sexte et de là au dîner où il retrouva M. Bruno.

— Nous irons nous promener aujourd’hui, fit l’oblat, en se frottant les mains.

Et Durtal le considérant, étonné.

— Mais oui, j’ai pensé qu’après une communion un