Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les orfèvreries, les panneaux, les sculptures, les tissus, tout était à l’avenant ; les liturgies possédaient, pour se faire valoir, de fabuleux écrins ; ce que tout cela est loin !

— Vous ne direz toujours pas, répliqua, en souriant, M. Bruno, que les ornements d’église sont laids ici !

— Non, ils sont exquis. D’abord, les chasubles n’ont pas ces formes de tablier de sapeur et elles n’arborent point sur les épaules du prêtre ce renflement, cette sorte de soufflet pareil à une oreille couchée d’ânon, qu’à Paris les étoliers fabriquent.

Puis ce n’est plus la croix galonnée ou tissée, emplissant toute l’étoffe, tombant ainsi d’un paletot sac dans le dos du célébrant ; les chasubles trappistines ont gardé la forme d’antan, telle que nous l’ont conservée, dans leurs scènes religieuses, les anciens imagiers et les vieux peintres ; et cette croix à quatre feuilles, semblable à celles que le style ogival cisela dans les murs de ses églises, tient du lotus très épanoui, d’une fleur si mûre que ses pétales écartés s’abaissent.

Sans compter, poursuivit Durtal, que l’étoffe qui semble taillée dans une sorte de flanelle ou de molleton doit avoir été plongée dans de triples teintures car elle prend une profondeur et une clarté magnifique de tons. Les passementiers religieux peuvent chamarrer d’argent et d’or leurs moires et leurs soies, jamais ils n’arriveront à donner la couleur véhémente et pourtant si familière à l’œil de cette trame cramoisie fleurie de jaune soufre que portait le P. Maximin, l’autre jour.

— Oui, et la chasuble de deuil, avec ses croix lobées et ses discrets rinceaux blancs, dont s’enveloppa le P.