Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/395

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abbé, le jour où il nous communia, n’était-elle pas, elle aussi, une caresse pour le regard ?

Durtal soupira : Ah ! si les statues de la chapelle décelaient un goût pareil !

— À propos, fit l’oblat, venez saluer cette Notre-Dame de l’Atre, dont je vous ai parlé et qui a été découverte dans les vestiges du vieux cloître.

Ils se levèrent de table, enfilèrent un corridor, s’engagèrent dans une galerie latérale au bout de laquelle ils s’arrêtèrent en face d’une statue, grandeur nature, de pierre.

Elle était lourde et mastoque, représentait, dans une robe à longs plis, une paysanne couronnée et joufflue, tendant sur un bras un enfant qui bénissait une boule.

Mais, dans ce portrait d’une robuste terrienne, issue des Bourgognes ou des Flandres, il y avait une candeur, une bonté presque tumultueuses qui jaillissaient de la face souriante, des yeux ingénus, des bonnes et grosses lèvres, indulgentes, prêtes à tous les pardons.

Elle était une Vierge rustique faite pour les humbles convers ; elle n’était pas une grande dame qui pût les tenir à distance, mais elle était bien leur mère nourrice d’âme, leur vraie mère à eux ! Comment ne l’a-t-on pas compris, ici ; comment, au lieu de présider dans la chapelle, se morfond-elle dans le bout d’un corridor ? s’écria Durtal.

L’oblat détourna la conversation. — Que je vous prévienne, fit-il, le Salut n’aura pas lieu après les Vêpres, ainsi que l’indique votre pancarte, mais bien après les Complies ; ce dernier office sera donc avancé d’un quart d’heure, au moins.