Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/227

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revendiqua tout, du premier coup ; elle ne procéda pas par gradation, elle ne limita pas d’abord l’objet de ses requêtes, elle alla droit au but, demanda simplement, nettement, le summum des grâces ; elle voulut et obtint la promesse du magistère qui pouvait guérir et sauver les âmes des enfants dont elle allait être appelée à prendre soin, l’Eucharistie.

Et le Christ cède à cette douce violence, et s’il se fait prier, s’il a l’air d’accepter une certaine contrainte, c’est qu’il veut enseigner ainsi que tout ce qu’il accorde, il ne l’accorde que par l’entremise de sa Mère.

Cet épisode de Cana est donc, en somme, le point de départ des deux dévotions, initiales et essentielles du catholicisme : le saint-sacrement et la Sainte-Vierge. Et l’office qui est spécialement consacré à ce mystère, l’office du 2e dimanche après l’épiphanie, ne se célèbre même pas ! — On se borne à en lire les prières et l’évangile à la fin de la messe du saint nom de Jésus qui le supplante.

Il me semble que l’on aurait bien pu le conserver, le mettre, au besoin, un autre jour, à la place d’un saint ! — Mais c’est curieux, continua-t-il, en sortant de la cathédrale et en gagnant à grands pas la place d’armes, puis la place rameau, pour entrer au musée ; c’est curieux comme des miracles d’une importance souveraine passent inaperçus, sont, en tout cas, à peine explorés par les prêtres en chaire et les fidèles !

Quelle abjecte effigie ! soupira-t-il, regardant en bas de l’escalier, menant aux salles de peinture, une statue de la république figurée par une fille aux épaules, aux bras, au buste, aux seins d’une harengère de la halle et