Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

surveiller les ragoûts qu’à décager les sens, le martyr agenouillé et qui paraissait ne penser à rien, tandis que le bourreau s’apprêtait à le décapiter. En vérité, ces statuettes de bois peint et dorées étaient médiocres, mais, du tas, se détachait un groupe fort supérieur, celui de l’Hérode et de la mère de l’Hérodiade : le roi, accablé de remords, se reculant en un geste de réprobation, et, elle, le rassurant, une main appuyée avec force sur l’épaule et l’autre sur le bras.

Le second retable renfermait une adoration des mages, un Calvaire et une mise au tombeau ; une adoration, avec une madone au teint fleuri, une grande dame, râblée, solide, une flamande moins vulgaire que les autres, d’aspect avenant et de sourire aimable ; l’enfant, penché sur ses genoux, mettait une menotte sur les lèvres d’un mage agenouillé et touchait de l’autre une sorte de ciboire que ce souverain lui tendait ; un deuxième mage, un doigt passé sous sa couronne, esquissait un salut presque militaire, tandis qu’un troisième, à la tête de roulier, levait l’index en signe d’attention et présentait un vase de parfums.

Quant à l’Ensevelissement, il était d’un art plutôt pénible ; saint Jean avait un pif en pied de marmite et il soutenait sans conviction une vierge dans le nez de laquelle il pleuvait ; le tout agrémenté de deux poupées portant, à chaque bout de la scène, des aromates.

Ces retables étaient, si l’on veut, naïfs et amusants, mais l’accent religieux ne s’y décelait pas ; ils étaient plus réalistes que mystiques ; c’était l’art d’un flamand à fin de foi.

Taillés en forme d’armoires, ils étaient complétés par