Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/251

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furent les aubergistes qui, lésés dans leurs intérêts, la prirent.

En attendant, la lutte avec le moine sacristain s’engagea sur toute la ligne ; mais le curé se heurta contre une force d’inertie qu’il ne put vaincre ; le P. Beaudequin lui fuyait comme du vif-argent entre les doigts ; c’était des : « peut-être, des ce serait à examiner, des nous y réfléchirons » et ce n’était jamais ni un oui, ni un non ; la remise des calices et des chasubles qu’il convoitait, ne lui ayant pas été consentie, il voulut au moins tâcher de contrarier les religieux qui, pendant les jours de la semaine, étaient maîtres du chœur et y célébraient leurs offices et il leur demanda d’avancer ou de retarder leur horaire, sous le prétexte qu’il serait ainsi plus à l’aise pour assurer le service des catéchismes et des convois.

— Il y a une règle de saint Benoît que je ne puis enfreindre et des habitudes que je ne suis pas maître de changer, répliqua Dom de Fonneuve ; il m’est donc impossible de vous satisfaire.

Le curé témoigna son mécontentement de ce refus, en n’assistant plus jamais aux offices. Il avait, en effet, arraché au père abbé, l’autorisation d’occuper une place, auprès de lui, avant la stalle du sous-prieur, relégué de la sorte au second rang ; il la laissa désormais vide, pensant sans doute que cette abstention froisserait les moines ; mais personne ne parut même remarquer ce manège. Alors, il rompit avec le mode d’escarmouches qu’il avait adopté, dès son arrivée au Val des Saints et il résolut de prendre une revanche de ces petits combats qu’il avait jusqu’alors perdus, en engageant une vraie bataille dont il préparerait, au préalable, le terrain.