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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/273

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« Pax et benedictio Dei omnipotentis Patris et Filii et Spiritus sancti descendant super te et maneant semper. »

Et la messe reprit.

Durtal retourna à sa place. Lorsque le moment de la communion fut venu, il fut vraiment touché, en voyant tous les novices qui n’étaient pas prêtres l’escorter à l’autel. Tous, au lieu de communier ainsi que d’habitude, dès l’aube, s’étaient réservés pour cette messe-là.

Le sacrifice s’acheva ; quand Durtal eut dit son action de grâce, il s’échappa de l’oratoire. Il étouffait dans cette atmosphère raréfiée et il était obsédé par le désir d’être, une minute, seul avec Dieu ; il traversa le cloître et s’en fut, pour se recueillir, dans l’église, en un coin.

Elle était noire et balayée par une âpre bise. Il s’affala sur une chaise, s’écouta et un immense silence descendit en lui ; c’était comme un vide d’impressions, comme une tombe de pensées ; il réagit, d’un effort violent ; alors toutes sortirent à la fois, en désordre, ronronnant, de même que des bourdons, dans un tambour ; il tâcha de les trier, de n’en garder par devers lui que quelques-unes, mais une idée surgit, renvoyant Dieu, l’oblature, toutes les autres réflexions dans les ténèbres de la mémoire, s’implantant, saillant, seule, en pleine lumière l’idée qu’il avait oublié d’avertir la mère Bavoil qu’il déjeunait, à midi, au monastère.

Et elle devint si tenace, si stupidement aiguë, qu’exaspéré contre lui-même, il retourna chez lui, grognant : quand j’aurai bu une goutte de café noir et grignoté une croûte de pain, peut-être arriverai-je à me ressaisir.

Une fois rentré, il fallut raconter, point par point, à Mme Bavoil la scène de l’oratoire.