Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/295

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L’office monastique de la semaine ne différait pas de l’office romain ; seulement, il n’existait pas d’église même cathédrale où on le célébrât avec une pareille ampleur ; malheureusement, s’il avait été, au Val des Saints, magnifique jusqu’au matin du samedi, ce jour-là, tout se gâta.

Par suite d’un compromis, entre l’abbaye et le presbytère, il avait été convenu que les religieux occuperaient l’église le dimanche de pâques, mais que l’honneur de bénir l’eau baptismale, le samedi, reviendrait au curé. Il opérait donc, entouré de toute la communauté qui le servait, et il savait à peine son métier et mêlait la prononciation française de son latin à la prononciation italienne des pères.

Pour des gens habitués de longue date à entendre les « um » prononcés « oum », les « us » prononcés « ous », les « ur » prononcés « our », les j devenus des y, pour les gens accoutumés au chuintement du C qui mue, par exemple, le mot « coelum » en celui de « tchoeloum », le latin à la française était déjà un peu embarrassant ; il eût été néanmoins supportable, seul ; mais, mélangé à l’autre manière de le proférer, il tournait à la cacophonie ; il semblait que le curé et les Bénédictins ne parlassent pas la même langue ; et ce tohu-bohu se répercutait dans le chant grégorien que le curé chantait, non d’après les textes de Solesmes, mais ainsi qu’au séminaire, et Dieu sait comme !

Tout le monde avait hâte que cette cérémonie devenue ridicule cessât. Heureusement que la splendeur de la messe avait compensé la misère de cet office, si merveilleux lorsqu’il est bien exécuté, par des moines, en plain-chant.