Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/308

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aux religieux mais bien au clergé séculier dont la persécution est, je vous l’assure, proche.

L’abbé haussait doucement les épaules ; s’il jugeait en son for intérieur les cloîtres encombrants et inutiles, il estimait par contre que le prêtre était indispensable et que jamais la république n’oserait y toucher.

— Et après le clergé, ce sera le tour du bourgeois ; après la curée des biens de mainmorte, nous assisterons au dol des valeurs vivantes. La bourgeoisie secouera-t-elle au moins son apathie, lorsque l’on forcera sa caisse ? dit M. Lampre.

— Elle ! elle s’inclinera, en soupirant et ce sera tout, repartit Durtal ; quant aux catholiques, vous savez aussi bien que moi l’amas de sottise et de lâcheté qu’ils recèlent ; si par hasard, il se trouvait parmi eux des gens intrépides résolus à résister, les députés et les sénateurs du parti s’interposeraient aussitôt et feraient le jeu de l’ennemi, en les désarmant.

— Mais alors, il n’y a rien à tenter ! s’écria Dom de Fonneuve.

— Non, mon père, rien. Je ne suis pas prophète, mais tenez que, pendant les événements plus ou moins périlleux qui s’apprêtent, les orateurs catholiques se remueront dans le vide ; il feront signer de ces pétitions que tout gouvernement, lorsqu’il les reçoit, jette au panier et il prononceront de pathétiques discours dans des réunions triées avec soin, pour qu’on n’y avarie pas leurs précieuses personnes ; puis, quand le moment de descendre dans la rue et de se montrer sera venu, ces pieux matamores rédigeront encore de belliqueuses protestations, tandis que nos seigneurs les évêques gémiront