Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/329

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service des messes et vous qui détenez d’exacts Montrachet et d’authentiques Pouilly vous feriez certainement une œuvre pie, en vous dépouillant en faveur de l’autel.

Vous me prêcheriez, par la même occasion, un exemple du mépris de la table et de la fine chère qui me serait sans doute profitable…

— Ah ! C’est à cela que vous en vouliez venir, à la gourmandise pour le bon Dieu, je vous reconnais, là ! — eh bien, je ne veux pas, sous le prétexte d’honorer le très-haut, inculquer à ses prêtres des distractions de gourmets pendant la messe ; péché pour péché, il vaut mieux, tout bien considéré, que ce soit moi qui le commette, car il est moins grave, moins offensant pour Dieu, devant un verre, à table, que devant un calice, à l’église. Je conserverai donc, ne vous en déplaise, dans l’intérêt même de la religion, mes Montrachet et mes Pouilly, et avec la piété et le bon sens qui vous caractérisent, ma nièce, vous me donnerez, en y réfléchissant, raison.

— Je n’ai pas de succès, fit en riant Mlle de Garambois ; à vrai dire, je m’y attendais un peu ; mais voyons, mon cher Durtal, pour en revenir à notre malheureuse situation au Val des Saints, comment s’arrange la brave Mme Bavoil pour accomplir ses devoirs religieux, car elle est logée à la même enseigne que moi !

— Dame, ne pouvant se rendre souvent à Dijon pour y joindre le P. Felletin, car il n’y aurait plus de ménage et de cuisine possibles, elle se contente du curé ; mais elle n’y va qu’à son corps défendant et gémit d’être confessée, dit-elle, par un petiot qui ne sait rien ; j’essaie de la consoler en lui démontrant la parfaite sapience