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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/330

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de Dieu qui l’a privée de toute grâce sensible, pour qu’elle n’ait pas de discussions mystiques avec cet homme — ça ne prend pas !

— C’est peut-être un bien, car ces ennuis l’aideront à supporter plus aisément le départ d’ici, si vous filez à la suite des moines.

Durtal eut un geste vague.

— L’idée de déménager mes livres et de charroyer l’amas de mes bibelots et de mes meubles m’abêtit à un tel point, soupira-t-il, que j’aime mieux n’y pas songer.

— Mais, fit M. Lampre, tous les pères ne déserteront pas la commune.

— Pourquoi ?

— Ecoutez, il y a d’abord la vigne qui est la principale ressource de l’abbaye et il faudra toujours bien laisser le P. Paton et les convers qu’il emploie pour la soigner. Il faudra, peut-être aussi, un ou deux religieux pour garder les immeubles ; il en restera donc forcément, quelques-uns, ici.

— Et si le gouvernement s’empare des bâtiments et de la vigne ?

— Turlututu ! j’ai offert à l’abbaye l’ancien prieuré et les terres qui en dépendent, mais je n’ai point été assez bête pour ne pas adopter des dispositions qui garantissent contre toute spoliation légale, et les pères et moi ; autrement dit, je loue aux Bénédictins leur maison que j’ai fait rebâtir — les devis, les factures sont à mon nom et c’est moi qui ai réglé, en personne, les mémoires des entrepreneurs et de l’architecte. — Les Bénédictins, suivant des baux consentis et enregistrés en bonne et due