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de certains des climats de Pommard ; le père Paton y a planté des cépages de pinots et, dans quelques années, si les saisons sont propices, ce ne seront plus de simples vins de messe mais des vins de table plus qu’ordinaires qu’il y récoltera ; ce jour-là, l’abbaye sera riche.

En attendant, la vente des vins blancs suffit presque à compenser la dépense de la communauté ; aussi faut-il sauver à tout prix ce clos, car si les moines se fixent à l’étranger, ce sera grâce à lui qu’ils vivront, sinon, ce sera la disette et, à bref délai, la débâcle.

— Bien, admettons que le gouvernement ne puisse confisquer le vignoble ; il n’en restera pas moins impossible à Dom Paton et à ses domestiques de résider chez eux, dans la clôture, car ils seraient poursuivis sous inculpation de former ou de reconstituer une congrégation non autorisée.

— Il n’est pas utile que le P. Paton et les frères lais habitent le monastère même. Ils demeureront au dehors ; nous en recueillerons chacun un et l’office aura lieu, même si le commissaire de police appose les scellés sur les portes de la chapelle du noviciat et de l’oratoire, dans une pièce quelconque que l’on arrangera à cet effet, chez l’un de nous.

— Que Dieu vous entende ! s’écria Durtal qui se leva pour prendre congé.

— Eh bien, quoi, vous vous retirez, mais il n’est pas quatre heures !

— Si, à force de bavarder, nous avons atteint l’heure des Vêpres. Ecoutez tinter les premiers coups.

— L’heure des Vêpres ! dit M. Lampre, qui regarda sévèrement sa nièce ; c’est, ma foi, vrai ; et vous osez