Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/334

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arborer des rubans blancs à votre chapeau et une cravate de la même teinte ! Et la sainte liturgie, qu’en faites-vous ?

— Mais, répondit Mlle de Garambois ahurie, c’est aujourd’hui une fête simple de la vierge et la couleur du jour est le blanc.

— Pardon, les Vêpres sont dimidiées ; elles sont panachées ainsi que des glaces mi-vanille blanches et mi-pistache, vertes ; elles sont marquées sur l’ordo, comme étant, à partir du capitule, du suivant, c’est-à-dire de demain dimanche, (de Ea), neuvième dimanche après la pentecôte, vert. Or, une liturgiste de votre envergure ne peut ignorer que le conopée du tabernacle change en ce cas-là, et arbore le ton de la deuxième partie, alias du lendemain. Vous devriez donc porter à cette heure des rubans et une cravate verts ; les avez-vous au moins sur vous, pour changer ?

— C’est la vengeance du Montrachet et du Pouilly demandés pour le service de l’autel, s’exclama Durtal, en riant.

— Je lui revaudrai cela, fit Mlle de Garambois, en riant, à son tour.

— Que M. Lampre nous conserve ici, des moines et vous ne lui revaudrez rien du tout ; et nous le bénirons, en chœur, au contraire.

— Ah certes, répliqua-t-elle, en se coiffant, car vivre sans mon office, c’est impossible et je filerai plutôt, si je le puis, à la remorque du monastère, en Belgique.

— Elle en serait bien capable, grogna son oncle, qui enfila son paletot pour se rendre avec elle, aux vêpres, dont le deuxième coup venait de sonner.